
Après avoir travaillé depuis 2005 à l’aide de différents médias autour du monstrueux et des questions que cela permettait de poser en termes de limites au sein de la société contemporaine, ma démarche a ensuite évolué. A partir de mars 2014, j’ai véritablement rencontré la nature et je me suis mise à collecter des morceaux de cette nature, des spécimens, des feuilles, des mousses ou coquilles, des pommes de pin, des squelettes… et j’en ai constitué un cabinet de curiosités. J’ai commencé à croquer toute cette nature : arbres, plantes, animaux, minéraux, tissus humains, tout ce qui m’inspire en textures, regards, becs… A partir de ces croquis naturalistes dont je remplis mes carnets, j’ai créé une espèce d’oiseaux hybrides qui me permet de poser des questions centrales, les “désailés”.
D’étranges oiseaux. Il s’agit d’oiseaux possédant des ailes mais elles leur sont malheureusement inefficaces pour le vol. Ces drôles d’oiseaux, privés d’une partie de leur nature, doivent alors trouver un autre sens à leur vie. Métaphores des humains parfois désorientés face aux mutations du monde contemporain, les “désailés” naissent de croquis naturalistes réalisés dans ses carnets de dessins à partir de matériaux divers récoltés çà et là et d’objets naturels d’origine végétale, animale ou minérale. Leur habitat est la pénombre, le noir de l’encre ou encore une forêt étrange dans laquelle ils errent.
Pour les inscrire dans une temporalité plus longue, j’ai créé depuis 2019 une série intitulée La Galerie des ancêtres. Les ancêtres des “Désailés” savent peut-être pourquoi la génération suivante ne parvient pas à voler, mais ils ne l’ont pas encore expliqué à Violaine Fayolle, qui continue d’explorer cette espèce bien particulière et de révéler tous les jours un peu plus de leur complexité.
Inquiétants, fantastiques, attachants, en tout cas insolites, ils sont comme autant d’ancêtres qui interrogent sur leur histoire et qui peuvent influencer la vie des “Désailés”. Qu’ils les enjoignent à grandir et à vivre dans leur sillon ou pas, ils sont des êtres tantôt modélisants ou au contraire parfaitement repoussants. Ou un peu des deux. C’est ainsi que les “Désailés” vivent en tout cas, en portant le poids de ce que ces ancêtres ont vécu et légué à leur génération. Et ils poursuivent leur vie en se questionnant sur ce qu’ils font avec cet héritage.
Les Désailés, centre culturel l'Hermine, Sarzeau (56), 2022
La Forêt et les Désailé sà la Galerie Piroir, Montréal, Québec, Canada, 2019
Ls Désailés, Maison Tessier dit Laplante, Québec, Canada, 2019
Les Désailés, Artothèque Galerie Tal Coat, Hennebont (56), 2017
Estampes dans artothèques de Compiègne et d'Hennebont
Département culturel et artistique d'Araraquara, Brésil
Clotaire est une gravure sur bois réhaussée à l’aquarelle. Depuis son cadre ancien, il nous regarde, de son œil avisé, du haut de sa vie écoulée. Il fait partie de la série “La galerie des ancêtres”, génération précédant les Désailés, oiseaux hybrides qui ne peuvent pas voler.
Inquiétants, fantastiques, attachants, en tout cas insolites, ces ancêtres nous interrogent.