Edition: la vie en photographie, Mathieu Pernot. Catalogue de l’exposition au musée de Bretagne
Mathieu Pernod est au centre d’une exposition en mai 2023 au musée de Bretagne, à Rennes.
Le catalogue de l’exposition est publié aux Éditions GwinZegal. Le centre d’art GwinZegal, à Guingamp, en accueillant Mathieu Pernot en résidence en 2015, est en effet à l’initiative de ce projet au long cours.
La vie en photographie. Textes de Mathieu Pernot, Laurence Prod’homme, Gwenola Furic. éd. GwinZegal, 2023.
ISBN 979-10-94060-40-7
25€
- Mathieu Pernot est né en 1970 à Fréjus (Var). Il a étudié à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Dès 1997, son travail est exposé au Centre national de la photographie puis aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles.
Il se fait d’abord connaitre pour son travail auprès des communautés tsiganes qu’il rencontre lorsqu’il vit à Arles. Il publie un premier livre Tsiganes chez Actes-Sud en 1999.Il découvre au détour d’un livre, l’existence d’un camp d’internement pour nomades (le camp de Saliers) créé par le gouvernement de Vichy entre 1942 et 1944. Il consacre alors du temps à cette page d’histoire un peu oubliée, et publie chez Actes Sud en 2001 ll travaille par la suite sur les questions d’enfermement, avec par exemple la série des Hurleurs, ou les questions d’urbanisme, sur les grands ensembles de banlieue en particulier.
2014: rétrospective de son travail eau musée du Jeu de Paume.
2017, exposition les Gorgan aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles acclompagné d’un livre daux éditions Xavier Barral. Ce projet retrace vingt ans de photographies avec une famille rom.
2023: il présente, en tant qu’artiste photographe et commissaire, l’exposition La vie en photographie au Musée de Bretagne à Rennes. Un catalogue est édité par le Centre d’Art GwinZegal.
Présentation de l’ouvrage par le centre GwinZegal:
Les faits : l’intuition précoce d’un des directeurs du musée de Bretagne qu’il se joue aussi quelque chose de fondamental aussi dans la photographie appliquée de studio − et la décision de collecter massivement des fonds de photographes professionnels qui exercent le métier du portrait. Ils ont pignon sur rue ou sont ambulants, et depuis la fin du XIXe siècle, ils répondent à cette attente populaire et figent les instants la vie, mariages, communions, dans des portraits de famille qui, accumulés, écrivent une autre histoire de la photographie et de la société. Ces photographes sont tout en bas de la hiérarchie établie de l’art. Ils répondent à la commande, ils sont aussi commerçants. Mathieu Pernot partage très tôt l’intuition de Walker Evans que dans ces pratiques vernaculaires, il y aurait à l’œuvre une forme de vérité moins condescendante, non pas écrite par les savants mais par les gens qui l’éprouvent au quotidien. Dans ses premières séries sur les Gitans à Arles, Mathieu Pernot a déjà eu l’idée de s’approprier un procédé populaire et de collecter les photomatons réalisés avec la complicité joueuse des enfants. Poussant jusqu’au bout cette inversion de la hiérarchie, il retrouve aujourd’hui ses photographies « d’artiste » découpées dans des médaillons ou encore exposées en plein air sur les pierres tombales du cimetière d’Arles. L’art et la vie se sont mélangés.
Ce sont donc plusieurs centaines de milliers d’images de ces studios de village qui ont été collectées par le musée de Bretagne. La photographie a très tôt été liée à ces rituels familiaux parfois périmés, comme la communion — ou bientôt le mariage — et est devenue elle-même part du rituel puis rituel, demeurant souvent son unique témoignage. Les photographes n’œuvraient pas à des milliers de kilomètres de chez eux mais bien souvent au coin de la rue, et tentaient de répondre à un cahier des charges implicite. L’image devrait rester pour l’éternité, le sourire et les dents brillantes du selfie n’étaient alors pas la norme. Les vêtements étaient choisis et la pose composée. Quelques attributs parfois pour montrer la réussite ou le métier du client. La lumière pas trop cruelle, sans être aussi pictorialiste que celle des portraits bourgeois du XIXe. Le sujet net et centré, le fond selon la situation, la mode du moment, les envies ou les possibilités. L’image faisait société aussi, elle allait participer à la création du mythe de la famille et figeait des relations qui se voulaient fortes − et parfois l’étaient.
Dans une succession de portraits choisis parmi des milliers, il reste la sensation du temps qui nous échappe, de la fragilité et du vieillissement des peaux ou des visages qui se creusent. Et enfin la force du regard qui se fige et défie l’éternité.
Exposition à Rennes, musée de Bretagne, 13 mai-3 décembre.